Rendez-vous
Samedi 3 déc. / 19h
Saint-Nazaire, Espace Bois Savary
Instants Fertiles #10 - Week-end matières / propagation
Sophie Agnel en solo
Sophie AGNEL : piano
Complice régulière de nos aventures musicales et sonores en tout genre, nous avons pourtant rarement eu l'occasion d'accueillir Sophie Agnel en solo au piano... ou alors il faudrait remonter au Piano Marteau il y a plus de dix ans, une création dans laquelle nous l'avions accompagnée, avec ce grand miroir suspendu au-dessus de l'instrument roi ! Depuis, nous l'avons suivie aux côtés de Joke Lanz et Michael Vatcher (un trio accueilli dans les Instants Fertiles en 2018), de Lionel Palun (avec la création de Double jeu), de Philippe Foch (dans la création de Lumens), avec Lara Brühl (dans un travail en cours autour de l'œuvre de Clarice Lispector), etc...
Une invitation à partager rien qu'avec elle un pur moment d'écoute, avec cette manière si inventive et puissante qu'elle a de plonger dans les entrailles du piano ou d'en effleurer la délicatesse.
Le piano existe depuis 250 ans, mais entre de bonnes mains, il peut encore surprendre et offrir des révélations. Sophie Agnel modifie radicalement le son de son instrument en y introduisant toutes sortes d'objets quotidiens peu prometteurs, et elle a développé sa technique de jeu en conséquence, jusqu'à un niveau de raffinement très élevé. À l'instar de son collègue improvisateur Keith Tippett, elle apporte ces modifications provisoires et temporaires au cours de l'exécution proprement dite, plutôt que d'établir des préparations fixes à l'avance à la manière de John Cage. Contrairement à Tippett, elle fait de cette pratique le noyau concentré de son jeu plutôt qu'une option parmi d'autres. (...) à de nombreux moments, il semble à peine crédible qu'Agnel joue seule et utilise exclusivement des moyens acoustiques. Au-delà des conceptions familières du piano comme un orchestre dans une boîte ou un ensemble de percussion autonome, Sophie Agnel l'aborde comme une source sonore véritablement expansive. Les cordes sont grattées, arquées, pincées et frappées ; le boîtier résonne ; un chunter industriel se dissout dans une brume tourbillonnante d'harmoniques ; une stridence pénétrante glisse vers des clusters spectraux, puis se résout en un martèlement métallique. Ce n'est pas seulement une conception élargie de l'instrument que l'on entend sur cet enregistrement, mais le son d'une musicienne compétente qui a quelque chose de distinctement personnel à dire. _ Julian Cowley - THE WIRE 2009