Résidences et Projets de Territoire
Duo Jean-François Vrod et Frédéric Le Junter
Plastron Kapok (titre provisoire)
Ces deux-là se connaissent depuis un moment. Au milieu des années 80, Jean-François Vrod découvre avec ravissement une installation des machines sonores de Frédéric Le Junter. Celui-ci vient plutôt des arts plastiques et de la performance, celui-là est issu du monde des musiques traditionnelles hexagonales, pourtant leur première rencontre dévoile de fortes correspondances entre leurs travaux respectifs.
L’un et l’autre travaillent sur des objets mis au rebut : bois et matériaux trouvés sur les plages du Nord de la France pour Frédéric Le Junter ; mélodies et us déclassés des cultures de l’oralité de la ruralité française pour Jean-François Vrod.
L’un et l’autre portent attention à la poétique du territoire : le Nord-Pas-de-Calais, ses plages et ses ports pour Frédéric Le Junter ; les territoires oubliés de la ruralité française pour Jean-François Vrod.
L’un et l’autre aiment chercher, trouver parfois ! et enfin improviser avec un goût partagé pour la matière sonore charnue.
Dans ce projet, Jean-François Vrod s’inspire du modèle musical et de la corporalité des violoneux de la tradition orale européenne qu’il a si souvent croisé dans son son travail de recherche. Un violoneux c’est un musicien qui joue assis, tape des pieds parfois engrelottés, parle ou chante à l’occasion. Bref c’est un petit orchestre à lui tout seul. Il prolonge ici ce modèle avec des ajouts instrumentaux divers. Aux pieds, ce sont bruiteurs, grappes diverses, tambourins, caisse claire bricolée, mini cymbale et aux genoux ce sont grappes, bâtons frappeurs et sur le violon, diverses préparations de l’instrument à base de ressorts et de sourdines parées.
Frédéric Le Junter quand à lui détourne une panoplie hétéroclite d’objets issus du quotidien qu’il agence savamment en une foisonnante polyphonie bruitiste et inspirée. Ressorts, grappes, trompes , cannettes, bouteilles…. Comme toujours dans son travail, tout est bon qui fait son ! Jouant à même le sol, il développe une corporalité qui permets un jeu musical polyphonique. Lui aussi, à sa manière devient homme orchestre.
Lors d'une première résidence de travail en décembre 2020, ils constatent avec bonheur que leurs sets musicaux sont complémentaires (ils s’en doutaient un peu !) et que ce mélange laisse présager de joyeux moments sonores bruités, musiqués, chansonnés et podorythmés. Les matières sonores brutes, la voix et les trompes de Le Junter répondent joyeusement aux éléments mélodiques, harmoniques, vocaux et rythmiques de Vrod .
Le présent projet de création est envisagé dans son écriture comme une suite dramaturgique de tableaux à mi-chemin entre écriture et improvisation comprenant pièces instrumentales, chansons, et quelques textes musicalisés, une sorte de road-trip sonore dans des paysages insoupçonnés où la montagne voisine la plage et où les vaches font du paquebot !