Résidences et Projets
Nantes, Saint Nazaire, Savenay, Guérande
Musique contemporaine
2019 ~ | Cartographie de rythmes
Composition Karl Naegelen
"La notation et l’exploration polyphonique des subtilités des divisions rythmiques sont nées dans un contexte de découvertes scientifiques permettant une meilleure précision dans la mesure du temps avec comme corolaire la dispute de la maîtrise du temps social. Aujourd’hui des dispositifs techniques nouveaux permettent des échanges d’informations à des vitesses bien supérieures à nos capacités humaines, et il arrive que nous nous sentions littéralement «pris de vitesse». De nouvelles névroses semblent naître de cette sensation, que cependant nous nous plaisons à mettre en relation avec ce que les anciens appelaient acedia puis mélancolie. Que faire, a fortiori dans nos sociétés contemporaines, de l’injonction de Sénèque à choisir l’oisiveté active plutôt que l’activité oiseuse ? On voit aujourd’hui naître des mouvements exhortant à chercher de nouvelles lenteurs… La question du rythme au sens large s’avère en ce sens un enjeu esthétique et politique." - Karl Naegelen
Premier volet : Vitesses approchantes
Projet d'exploration rythmique pour deux batteurs / percussionnistes
Sylvain Darrifourq et Toma Gouband
C’est là, dans une étude au long cours établie comme un trajet sensoriel et exploratoire des champs les plus divers de la vie rythmique, que Karl Naegelen a entrepris avec les batteurs-percussionnistes Sylvain Darrifourcq et Toma Gouband, un premier volet de création : Vitesses approchantes. Chemin faisant sur la carte du rythme, le compositeur et ses deux complices ont décerné un paysage qui n’était pas sur la carte, un paysage qu’ils n’avaient pas prévu où viennent se frotter des rythmes faussement répétitifs, et dont les vitesses, par leurs proximités, génèrent des illusions sonores dont les musiciens jouent avec gourmandise.
En lien avec la cartogrphie de rythme #1 :
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Deuxième volet : Cardiaque
Projet d'exploration rythmique du langage
avec Julien Gaillard, Aurélie Maisonneuve et Fabrice Arnaud-Crémon
"Avec ce deuxième volet, cardiaque, il s'agit d'une nouvelle dimension de la carte que nous souhaitons explorer. Celle du rapport entre rythme musical et rythme du langage. Comment être à l'écoute du rythme propre à la langue, sans l'écraser par le rythme de la musique. Trouver une ligne de crète pour, selon les mots de Harry Partch, « dévoiler l’intangible beauté des sons à l’intérieur du pouvoir vital du mot parlé, sans les altérer l’un l’autre ».
En lien avec la cartographie de rythmes #2 :
Troisième volet : battement
Projet d'exploration rythmique des fréquences
avec Mattieu Delaunay, Eliot Aschard et Fabrice Arnaud-Crémon
Ce troisième volet Battements est né de la rencontre avec les « machines » de Mattieu Delaunay (Cie Atelier de Papier) et Eliott Aschard, imaginées avec le luthier Antoine Cauche : les cordoniums - instruments constitués de cordes et de résonateurs -, extraordinaires pour explorer la notion de fréquences et de battements. Dans un nouveau travail avec Fabrice Arnaud-Crémon, cordoniums et clarinettes se mêlent et ont le pouvoir de « se tapir » dans les creux des sons des uns et des autres, permettant de créer des textures homogènes et vibrantes..
Liens :
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Cartographie de rythmes #4
Diptyque pour une danseuse et un musicien
avec Mai Ishiwata,Julien Gaillard et Amaryllis Billet
Création novembre 2023
Les paysages du guérandais ont ceci de fascinant qu’ils semblent porter en eux temps et mouvement – la rythmicité des gestes a structuré le paysage. L’argile maintes fois extirpée et plaquée a laissé sa trace dans les chemins entourant les œillets ; le geste a une mémoire : un espace à portée de nos yeux.
L’évaporation qui permet la récolte du sel est par ailleurs une image de cette mémoire – ce qui reste, c’est ce qui s’est déposé après un long travail en lien avec les éléments, une longue série de gestes – qui se diversifient en fonction des saisons… avant de recommencer.
A l’image des paysages du guérandais, « Mémoire, structure, geste » sont les notions au cœur de la nouvelle exploration rythmique proposée pour cette création.
Quelle trace la musique peut-elle laisser en nous ? De quel paysage mental est-elle la potentielle dépositaire ?
Dans ce diptyque, une seule partition – avec deux chemins pour l’interpréter. Une partition qui figure des rythmes, structurant gestes et sons. Sans chercher de synchronisation entre les deux. A l’image des paludiers, des partitions pour des solitudes qui cohabitent dans un même paysage.