Ateliers
Saison xx20-21
Où il est question de rythmes
Projet mené par le compositeur Karl Naegelen, les chercheurs Mehdi Badsi et Loïg Jezequel (Laboratoire de mathématiques Jean-Leray et LS2N de l'université de Nantes) et le professeur de mathématiques Carlos Moraga-Ferrandiz avec les élèves d'une classe de seconde du lycée Jacques-Prévert de Savenay
à partir du projet de recherche et de création Cartographie de ryhtmes - volet #1 : Vitesses approchantes de Karl Naegelen, Toma Gouband et Sylvain Darrifourcq
Processus du projet, séance après séance :
— Mercredi 27 janvier : première séance
Le compositeur Karl Naegelen présente aux élèves son projet Cartographie de rythmes et d’autres œuvres musicales en lien. L’accent est mis sur les concepts de phase et de déphasage. Dans Cartographie de rythmes, le déphasage provient du décalage lent de rythmes lié à l’utilisation de deux pulsations différentes par chacun des interprètes, à l’aide de casques.
Le principe de déphasage en musique est ancien, sa forme la plus connue étant le canon - même mélodie jouée de manière décalée par plusieurs musiciens, sur la même pulsation.
Cette séance était aussi l’occasion de découvrir :
les canons de prolation - à l’époque médiévale, la même mélodie peut être jouée à des vitesses différentes, de manière superposée : exemple - cliquer ici
ainsi que des partitions de Morton Feldman, pour amener l’idée de partition-diagramme : exemple - cliquer ici
Les deux chercheurs Mehdi Badsi et Loïg Jezequel présentent ensuite une notion mathématique qui leur semble pouvoir être mise en lien avec ces concepts. Les automates cellulaires, des machines abstraites qui, à partir de règles très simples, peuvent engendrer des comportements très complexes : exemple - cliquer ici
L’intuition qui amène le rapprochement entre les automates cellulaires et les recherches musicales autour du rythme, c’est une certaine manière de décrire les phénomènes : rythmes stationnaires, périodiques ou apériodiques, etc.
Après avoir mis en pratique la notion de déphasage (en jouant la pièce Clapping Music de Steve Reich : voir la pièce - cliquer ici) et celle d’automate cellulaire à travers deux exemples simples, l’un exposé au vidéo-projecteur et l’autre inspiré du jeu « pierre-feuille-ciseaux », à réaliser sur papier, les élèves sont invités à indiquer ce que leur inspirent ces notions et les liens qu’ils peuvent faire entre elles.
— Lundi 15 février : deuxième séance
Suite aux réactions des élèves, on leur a demandé d’imaginer quelle pratique - corporelle, rythmique, textuelle, scientifique, video... - pourrait servir pour s’emparer concrétement des notions en lien avec le déphasage en musique et les notions de périodicité, stabilité et chaos qui ont effleuré à partir des automates célullaires.
Les propositions ont été variées et originales. Finalement, l’idée de représenter un automate cellulaire de manière sonore – plutôt que de manière visuelle comme c’est habituellement le cas – l’emporte !
— Lundi 15 mars : troisième séance
Les élèves construisent des automates cellulaires simples, qui serviront à engendrer des partitions. À l’aide d’instruments à percussions ils essaient aussi d’interpréter les partitions engendrées par leurs automates.
Parmi les plus courageux, Yolann qui s’est lancé à créer un automate à 5 timbres (différentes actions sonores possibles), au lieu des 2 timbres demandés !
— Mardi 16 mars : concert Cartographie de rythmes - Vitesses approchantes
Après s’être confrontés à la difficulté de jouer sur une pulsation commune, de jouer sur le déphasage, le concert est aussi une occasion de découvrir des musiciens qui développent ce travail polyphonique sur un ensemble instrumental très varié.
— Vendredi 2 avril : quatrième séance
Les élèves continuent à construire des automates pour engendrer des partitions. Cependant ils disposent cette fois d’un logiciel - cliquer pour voir développé pour l’occasion, qui leur permet de mieux visualiser (et d’entendre) ces partitions parfois complexes.
À l’issue de ce travail, chaque groupe d’élèves dispose d’une partition prête à être interprétée lors de la dernière séance.
— Mardi 25 mai : cinquième et dernière séance
Après un temps de répétition, chaque groupe d’élèves interprète sa partition devant le reste de la classe. Initialement réalisée sur des instruments à percussions, l’interprétation se fait maintenant sur les tables et les parties du corps (percussions corporelles). Ceci permet de resserrer les contraintes : l’apprentissage d’un instrument prend beaucoup de temps au cours des séances déjà très riches en information.
La restitution des pièces rythmiques des élèves donne lieu à une réflexion sur la musique et sur la vidéo.
Question formelle : comment développer, même sur un temps très court, les idées musicales de la partition (entrées successives ou synchrones, densification ou raréfaction de la matière, etc) ?
Question du cadrage : frontal, par au-dessus, à hauteur des gestes, etc. ?
Voici la manière dont chaque équipe a joué sa partition ! Bravo à vous tous !