Résidences et Projets
2017 - 2022 ⎟ Mon île
UN PROJET DE RICHARD DUBELSKI
avec des habitant.e.s de Saint-Nazaire
sur un texte de Sandrine Roche écrit en résidence en 2017-2018 à Saint-Nazaire
En 2017-18, l’auteure Sandrine Roche écrit Mon île suite à une résidence au collège Jean Moulin et dans les quartiers Nord de Saint-Nazaire. Deux saisons plus tard, Richard Dubelski est invité à se saisir de ce « documentaire poético-chanté » pour imaginer un spectacle musical et théâtral, joué par les habitant.e.s des quartiers Prézégat, Robespierre, la Berthauderie, des collégien.ne.s de Jean Moulin et des élèves musicien.ne.s du CRD de Saint-Nazaire.
"Lorsque j'ai lu le texte de Sandrine Roche, j’ai immédiatement été séduit par la langue, le propos et la forme principalement chorale du texte pour en imaginer un spectacle musical et théâtral.
Ce mélange de slam, de choralité à travers laquelle quelques voix solo peuvent émerger, le type de protagonistes de ce récit, que ce soient les habitants des pavillons / ceux des immeubles ; les jeunes / les adultes ; les garçons / les filles, m’a semblé parfaitement correspondre aux spectacles que je crée, et qui s’articulent autour de la voix - parlée, chantée et rythmée-, des instruments - ou objets sonores - et du mouvement, pour construire du sens et du son.
Des spectacles où la musique et le théâtre s’entrecroisent comme alliance du drôle et du violent, pour devenir ici une sorte de « Ouest side story ».
Sachant que le texte de Sandrine Roche été écrit en 2017-2018 suite à une résidence au collège Jean Moulin et dans les quartiers Nord de Saint-Nazaire, j’ai souhaité que le spectacle soit principalement joué par les habitants des quartiers Prézégat, Robespierre, la Berthauderie ainsi que des collégiens de Jean Moulin.
Pour cela, nous proposerons dès l’automne de rencontrer les futurs acteurs de Mon Île lors d’un week-end puis d’un stage, afin de leur faire ressentir le type de spectacle dans lequel nous souhaitons les « embarquer », après avoir pris connaissance du calendrier des répétitions à suivre.
Par ailleurs, afin de conforter l’aspect musical de ce spectacle, je composerai une musique qui sera interprétée par un ensemble de musiciens du conservatoire de Saint-Nazaire, dans laquelle les sons instrumentaux, les rythmes et l’harmonie se mêleront à la sonorité des mots et aux rythmes des syllabes à la manière des musiques urbaines.
Ainsi, la boucle sera bouclée, de l’origine du récit à l’aboutissement du spectacle musical.
En travaillant sur Mon Île, ce texte au titre faisant référence à un lieu, à un espace géographique, je n’ai pu m’empêcher de penser les scènes en terme cinématographique.
J’imagine les différentes séquences se dérouler en extérieur ou intérieur, en lumière du jour ou de nuit, afin de créer un espace suscitant l’imaginaire d’un récit se déroulant à l’ouest de l’hexagone, pour jouer une « Ouest side story ».
J’aimerais que l’on puisse jouer ce spectacle basé sur un « documentaire poético-chanté » dans un espace permettant aux spectateurs de ressentir l’insularité, grâce à une scénographie qui inclurait les spectateurs, comme s’ils étaient réellement immergés dans l’histoire.
Je souhaite que le spectacle musical issu du texte de Sandrine Roche, Mon île, soit une sorte de radioscopie vivante d’un site de Saint-Nazaire, représentant ses habitants jeunes et vieux, riches et pauvres, avec leurs craintes, leurs espoirs, mais surtout leur formidable énergie." - Richard Dubelski, été 2020
Mon Île - chroniques de l’Ouest, le film.
Le covid passant par là..., les intentions de créer un spectacle ont été bousculées et nous a amené, avec surprise et enthousiasme, à transformer cette pièce de théâtre en scénario pour un film.
"Je me souviens que lors du confinement de 2020, le vrai, le « dur », je me suis lancé dans le travail dramaturgique sur le texte de Sandrine Roche. Après avoir échangé avec Sandrine Roche, qui m’a donné toute liberté sur son texte, je lui ai envoyé mes premières étapes de travail, et à la lecture de ma proposition, elle m’a immédiatement demandé si je prévoyais d’en faire un film, au regard de mon « découpage » entre des séquences en INT.JOUR ou NUIT ou EXT.JOUR ou NUIT. C’est comme si, inconsciemment, j’avais déjà pensé ce projet de spectacle comme un film.
Bien sûr, ce film qui part d’une écriture poétique, musicale, dans une forme de film-musical, ne le fera pas rivaliser avec les blockbusters américains ou français à la « Bac Nord ». Mais ce sera bel et bien un film.
J’emploie le terme « sera » car après ce tournage, intense, passionnant, exaltant, réjouissant et épuisant - dix jours pour réaliser un moyen-métrage, est un véritable challenge, et, bien que nous ne soyons pas encore dans la période des remises de prix, je tiens à remercier Wilfried, le chefop, Louison, l’ingé-son, Anaïs le 1ère assistante-réalisateur, Astéa la script, Théo et Valentin les assistants-caméra, Bernard et Sandrine à la régie et au « gilet-jaune » lorsqu’il fallait bloquer la circulation, ainsi que Frédéric Bechet, Fabrice Arnaud-Crémon et toute l’équipe d’Athénor, sans qui ce challenge n'aurait pu être relevé ! - donc « sera », car il reste la deuxième partie de l’écriture de ce film avant d’être projeté, soit le montage et l’enregistrement des musiques à Athénor lors des vacances de la Toussaint.
N’étant pas sûr de monter sur un podium pour le faire, je voudrais également remercier les 8 jeunes et les 6 adultes, actrices et acteurs amateurs de ce film, qui m’ont impressionné par leur engagement, leur professionnalisme quant à l’apprentissage de leur texte, leur assiduité et leur investissement. C’est pourquoi il m’importait lors du tournage, de les montrer dans toute leur sensibilité, leur dignité et leur beauté, même, et surtout, s’ils et elles ne correspondent pas spécialement aux canons de beauté usuels vus sur les écrans. Un tournage intense avec un groupe d'actrices et d’acteurs amateurs vivant principalement à Prézégat ou au Petit Caporal, des quartiers dits « sensibles » de Saint- Nazaire, entourés de 5 musiciens-nes, toutes et tous élèves du collège Jean Moulin, comme le furent la plupart des jeunes jouant dans ce film tourné principalement à Prézégat et dans le collège Jean Moulin, soit leurs lieux de vie.
Cela m’a immédiatement interrogé sur la forme que je voulais donner à ce film. Il était important qu’il n’y ait pas d’ambiguïté entre cette réalisation qui fait « décoller » ses protagonistes de la réalité, et un documentaire tourné sur la vie dans ce quartier ou au collège, que réalisait en parallèle l’anthropologue Christian Lallier.
Mon Île - chronique de l’Ouest est bien une fiction se déroulant à Prézégat, jouée par des actrices et acteurs y vivant, qui montre les malentendus pouvant se créer entre les jeunes et les adultes, les collégiens et les profs, les garçons et les filles, les habitants des pavillons et ceux des tours, etc. ; et c’est aussi un film-musical avec une musique intégrée à l’action, une langue utilisée proche du slam, et un format d’image en CinémaScope, afin de nous donner immédiatement et sans ambiguïté, le code de la fiction." - Richard Dubelski, septembre 2021
Équipe de tournage : Wilfried Sempe : chef opérateur - Louison Breteau, ingénieur-son
Et les étudiant.e.s de l’école du cinéma Cinécreatis-Nantes : Anais Breteau, assistante-réalisatrice - Astéa Dachez, script - Théo Benavides, assistant-caméra
Facework, le making-of
Un processus de création est une façon singulière d’habiter un lieu. FACE WORK s’attache à rendre compte du tournage de MON ÎLE comme la fabrique éphémère d’un cadre d’expérience partagée.
Réalisation Christian Lallier et Mélodie Drissia Tabita, du Lab’AF (Laboratoire d’anthropologie filmée)