Eaux-Fortes

Emprunté à l’univers de la gravure, le terme « eau-forte » désigne un procédé où une solution acide mord le métal, creusant la plaque d’impression. À l’image de l’eau creusant lentement la terre, ce projet s’attache à fouiller la mémoire des paysages et à révéler les empreintes invisibles des flux souterrains. Autour de Saint-Nazaire, cinq compositrices explorent ces eaux fantômes. Elles sont allées à la rencontre de spécialistes de l’eau – ingénieur, naturaliste, sourcier, géoarchéologue, biogéologue… –, ont plongé dans les archives, arpenté les terrains, captant les résonances de sites emblématiques. De cette immersion est née une création électroacoustique jouée en direct
sur cinq dispositifs spécifiques, conçus pour sculpter l’espace sonore et faire entendre l’invisible.

Note d'intention des compositrices

« Notre musique électroacoustique utilise souvent des matériaux appartenant à une mémoire sonore collective. Sa pratique s’inscrit dans les territoires ; elle les interroge, puis propose autant d’actes poétiques qui participent à la réécriture de ces territoires.
Nous mènerons en premier lieu une série d’entretiens auprès de différentes personnes : habitant·es, urbanistes, sourcier·es, égoutier·es, naturalistes... En partant du quartier du Petit Caporal à Saint-Nazaire, ces rencontres enregistrées se déclineront sur les autres territoires explorés : Saint-André-des-eaux, Trignac et Donges.
Nous questionnerons la mémoire des personnes qui habitent ici depuis plusieurs générations. Quels souvenirs gardent-ils de ruisseaux, rivières ou d’étangs qui existaient auparavant ? Quelles traces l’eau laisse-t-elle sur les murs, chez soi, quand elle s’infiltre, ou dehors lors de crue, de déviations, de contournements dus à la bétonnisation ?
Nous chercherons à comprendre comment l’eau voyage, dessus et dessous la terre.
Nourrir l’enquête pour ainsi comprendre intimement le territoire et rendre tangible la poétique qui s’en dégage, les inspirations musicales, profondes, qui en émanent. »