Un bout de tissu, un miroir, un parapluie, un thermomètre…comment imaginer que ces objets du quotidien peuvent nous faire appréhender de manière scientifique le vide et la matière ? Philippe Deniard, chercheur à l’IMN, Institut des Matériaux de Nantes, nous éclaire.
Le vide ? C’est l’absence de matière. Mais pour parler de la matière, il faut d’abord observer sa plus petite unité : l’atome. Et ne vous méprenez pas, le type d’atomes ne suffit pas à définir la matière, il faut aussi appréhender les liaisons qu’ils entretiennent, comment ils sont arrangés. L’un des exemples le plus flagrant est le cas du diamant et du graphite, qui tous deux sont constitués des mêmes atomes de carbone et pourtant le graphite est noir, mou et conducteur tandis que le diamant est transparent, dur et isolant. La différence ? Vous l’aurez devinée, c’est l’arrangement des atomes entre eux. Mais au fait, comment sait-on tout cela ? Comment imaginer l’infiniment petit quand on n’est pas chercheur chevronné ou scientifique échevelé ? « On peut faire des découvertes sans connaissances compliquées et juste faire appel au bon sens et à la curiosité » rassure le chercheur. C’est donc cela : être curieux ! C’est ainsi qu’un certain Herschel, musicien du XVIIIe siècle, a découvert l’infrarouge. Parti du constat qu’au soleil il fait chaud, et que c’est certainement la lumière du soleil qui émet cette chaleur, Herschel a voulu savoir quelle couleur nous réchauffe le plus. Le chercheur en herbe, muni d’un prisme pour diffracter la lumière et de thermomètres, découvrit que la chaleur qui se dégageait à côté de la couleur rouge était plus forte que dans n’importe quelle couleur du spectre visible par l’humain : ainsi fut découvert le rayonnement infrarouge, une couleur que notre œil ne détecte pas et qui pourtant existe. Une preuve parmi tant d’autres que la science est à la portée de tous et que les questions scientifiques trouvent leurs réponses dans des objets du quotidien. D’ailleurs quiconque a la possibilité de diffracter la lumière, comme on dit, au travers des mailles d’un parapluie, ou d’un simple tissu, dans une flaque d’eau… Plein les yeux, plein la tête, on admet alors que la science nous entoure, qu’elle peut se vivre simplement, avec pure curiosité et qu’au travers d’objets communs et familiers nous sommes tous capables d’appréhender l’infiniment petit comme l’infiniment grand, le vide et la matière.
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Rédaction : Gina Di Orio